En France, les accidents de la route représentent la première cause de mortalité au travail. Le non-respect des temps de pause, l’utilisation du téléphone au volant et la pression pour respecter les délais figurent parmi les facteurs aggravants les plus fréquents.Malgré la réglementation existante, la majorité des sinistres surviennent lors de trajets professionnels considérés comme « courts » ou « habituels ». Certaines entreprises omettent encore d’intégrer la prévention routière dans leur politique de sécurité, exposant leurs salariés à des risques importants.
Risques routiers professionnels : un enjeu sous-estimé pour les entreprises
Le risque routier professionnel manque souvent de place dans les priorités des dirigeants, alors même qu’il s’impose lourdement dans la liste des risques professionnels majeurs. Au fil des années, les accidents de la route en déplacement professionnel continuent d’alourdir les bilans. Selon les données de l’Assurance maladie, un tiers des accidents mortels du travail se produisent sur la route, loin devant les chantiers et les usines.
Au-delà de la simple fourniture d’un véhicule en état, la responsabilité de l’employeur implique une prise en compte précise du risque routier en entreprise dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Négliger cette démarche expose à la faute inexcusable en cas d’accident, avec tout le poids des conséquences juridiques et économiques que cela entraîne. Derrière chaque sinistre, la note ne se limite pas à la tôle froissée ou aux démarches d’assurance : l’absentéisme grimpe, les équipes perdent leurs repères, l’image de l’entreprise se ternit. Tout l’équilibre interne peut vaciller.
Au quotidien, la prévention du risque routier professionnel est souvent privilégiée ou retardée en fonction de contraintes urgentes, au détriment de la santé et sécurité au travail. Délais contractuels serrés, créneaux compressés, voitures vieillissantes : on multiplie les mauvais ingrédients. Pourtant, agir différemment reste parfaitement accessible. Inscrire le risque routier parmi les priorités des plans de prévention, réviser fréquemment le DUERP et faire descendre l’implication hiérarchique dans chaque service, voilà ce qui change la donne. Le vrai travail de sécurité commence bien avant de mettre le contact, dans l’organisation même de la mission.
Quels sont les principaux dangers lors des déplacements liés au travail ?
La palette des risques routiers lors des déplacements professionnels est vaste. On s’imagine parfois à l’abri sur les trajets familiers, mais le danger ne prévient pas. Fatigue insidieuse, première cause d’accident, causée par les rendez-vous qui s’enchaînent et les temps de repos trop courts. La vigilance baisse, l’attention fléchit, les temps de réaction explosent.
Le stress s’invite aussi discrètement à bord. Dès qu’une notification clignote ou que le téléphone sonne, la tentation d’y répondre au volant est forte, malgré les règles du code de la route. Distrait, le conducteur s’expose à un vrai risque d’accident de la route. Un message visuel ou un appel peut suffire à causer l’irréparable, la pression ne faisant qu’aggraver ce phénomène.
Au quotidien, d’autres failles se glissent dans la routine : oubli ou mauvais réglage de la ceinture de sécurité, vitesse au-delà des limites, véhicules mal entretenus ou surchargés. C’est ainsi que la sécurité devient aléatoire et que l’accident du travail guette, parfois sans pardon. Un accident de la route au travail frappe sans laisser la moindre marge pour l’improvisation.
Les problèmes techniques sont tout aussi déterminants : pneus dégonflés, éclairage capricieux, révisions repoussées… Un simple oubli de maintenance et le parcours quotidien peut basculer. Si la météo vient perturber la visibilité, ou qu’un bouchon stresse la fin de journée, les dangers se cumulent.
Chaque étape de la conduite professionnelle se double de risques identifiés. Pourtant, quelques réflexes, des contrôles et une vigilance collective suffiraient à désamorcer bien des drames, pourvu qu’on ne relâche pas l’attention sur les règles du code de la route.
10 conseils concrets pour renforcer la sécurité de vos collaborateurs sur la route
Agissez sur tous les leviers, ne laissez rien au hasard.
Pour assurer la sécurité sur la route, plusieurs leviers concrets peuvent être activés :
- Formation sécurité routière : organisez des sessions spécifiques, adaptées à la réalité de votre activité. Des mises en situation, des analyses d’accidents et des points pratiques renforcent la capacité d’anticipation.
- Sensibilisation à la sécurité routière : diffusez régulièrement des messages forts, partagez les statistiques d’accidents. Rappeler les enjeux, c’est maintenir un niveau d’alerte nécessaire.
- Entretien du véhicule : surveillez pneus, freins, éclairage, niveaux et autres points techniques. Laisser la maintenance de côté, c’est s’exposer au pire pour une simple négligence.
- Gestion de la flotte automobile : mettez en place des outils de suivi efficaces pour anticiper les pannes et détecter les usages à risque. Une flotte surveillée, c’est autant d’accidents évités.
- Planification des trajets : bâtissez des plannings réalistes et cohérents. Quand l’agenda respire, la vigilance du conducteur s’en ressent et les aléas sont mieux absorbés.
- Interdiction stricte du téléphone portable : appliquez une règle très claire. Garder le téléphone hors de portée pendant la conduite, c’est réduire fortement le niveau de risque.
- Port de la ceinture de sécurité : n’acceptez aucun relâchement, pour tous les personnels et sur tous les trajets. Cette habitude sauve des vies chaque année.
- Contrôle de l’aptitude à la conduite : vérifiez régulièrement la validité des permis et l’aptitude physique des conducteurs. Il ne s’agit pas d’une formalité, mais d’une garantie.
- Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) : réactualisez-le à chaque modification de la flotte ou du mode d’organisation des déplacements.
- Implication de la direction : toute impulsion part du haut. Quand les responsables montrent l’exemple, la culture sécurité s’enracine autrement plus vite.
Mettre en place une culture de prévention durable au sein de l’entreprise
La prévention des risques routiers va bien au-delà des rappels sporadiques ou d’une journée thématique isolée. Pour ancrer la sécurité routière dans les pratiques, il importe de construire une culture de sécurité partagée et vivante, à tous les niveaux, chaque jour.
Tout commence avec une communication interne fréquente et concrète. Affiches ciblées, messages lors des réunions d’équipe, supports adaptés : chaque format compte pour installer les bons réflexes. Les campagnes de sensibilisation se poursuivent dans le temps, renouvelant l’intérêt et se réinventant pour ne pas lasser. Les responsables qui incarnent les principes, sur le terrain, fédèrent bien davantage que n’importe quelle charte.
Instaurer des formations régulières fait toute la différence. Privilégiez la brièveté et la dynamique, appuyez-vous sur des cas vécus et sur les retours d’expérience du collectif. Les échanges entre collègues, les remontées du terrain et les débriefings après incident restent des points d’appui précieux pour progresser ensemble.
Prêtez une attention forte aux indicateurs de sinistralité. Leur analyse détaillée, fréquence, gravité, conditions d’occurrence, guide vos ajustements et vos priorités. Inviter les salariés à contribuer, à signaler les difficultés ou à commenter les situations marquantes ouvre la voie à des actions mieux ciblées.
Entretenez une remontée d’informations active en facilitant les propositions, en mettant des dispositifs d’expression simples et accessibles. C’est collectivement que s’installe la vigilance, avec du dialogue, des initiatives et le partage de chaque petite victoire sur le danger.
On ne joue pas avec la réalité de la route. Renforcer la prévention, c’est donner à chaque salarié l’opportunité de terminer sa journée là où il l’a commencée : en vie, debout, le regard vers demain.